Lors de cette rentrée, j’ai expérimenté pour vous un parcours de soins particulier : l’escrime thérapeutique au service des personnes victimes de violences sexuelles. Cela faisait longtemps que j’en avais entendu parlé, notamment dans le livre du docteur Violaine Guérin* « Comment guérir après des violences sexuelles ».
Dans son chapitre portant sur les outils, elle évoque ce qu’elle appelle le sport-thérapie : le principe d’utiliser le sport en tant qu’outil thérapeutique car il permet de revenir au corps. Dans ma pratique thérapeutique, je rappelle souvent aux personnes que j’accompagne que l’on ne guérit pas d’un traumatisme par la parole, mais à travers un travail impliquant le corps. Néanmoins il est utile de préciser que ce n’est pas possible de passer par le corps si les mots n’ont pas été préalablement posés, déposés …
C’est donc lorsque les victimes ont déjà cheminé par la parole à l’aide d’un ou d’une psychologue que ce travail psycho-corporel va pouvoir s’envisager.

Femme en tenue d’escrime dans la salle d’armes de Nantes Beaulieu
Le sport comme outils thérapeutique :
Utiliser le sport comme outil thérapeutique permet de revenir au corps de façon instinctuelle. Tout ce qui compose notre corps physique est stimulé : les connections peau, muscles, tendons, et organes sont utilisées en simultané. Ce n’est pas l’objet dans cet article de décrire toutes les conséquences subies par le corps lors d’une agression sexuelle unique ou répétée, en revanche il est important de comprendre que le système nerveux des victimes s’en trouve dysrégulé, impactant les notions cardio-vasculaires et digestives.
Le sport thérapie permet aux personnes de recontacter leur unité corporelle perdue lors de violences sexuelles. Il participe à remettre en mouvement le corps qui a été violenté, d’un point de vue métabolique. Il permet de sortir du figement, et optimise la circulation de l’énergie et ainsi permettre à la personne de se sentir vivante.
L’escrime thérapeutique est un sport par excellence qui se pratique dans un espace protégé : une salle d’armes dont une des règles de départ est de n’en sortir qu’après avoir prévenu un des encadrants. Une règle de confidentialité est établie dès le départ au sein du groupe : tout ce qui est dit ou se vit dans cette salle d’armes y reste.
L’escrime se pratique par deux ou en équipe. C’est un sport qui se pratique avec une tenue protectrice qui couvre l’ensemble du corps. Le masque protège la tête, et rend anonyme la personne ainsi que le ou la partenaire. Cet anonymat permet toutes les projections possibles : le ou la partenaire peut prendre le visage de l’agresseur. Et bien que ce sport implique une arme à la main, elle ne peut pas blesser en tant que t’elle, tout se passe dans un contexte bien sécurisé et encadré par un ou une maître d’armes.
L’escrime thérapeutique est un sport par excellence qui se pratique dans un espace protégé : une salle d’armes dont une des règles de départ est de n’en sortir qu’après avoir prévenu un des encadrants. Une règle de confidentialité est établie dès le départ au sein du groupe : tout ce qui est dit ou se vit dans cette salle d’armes y reste.
L’escrime se pratique par deux ou en équipe. C’est un sport qui se pratique avec une tenue protectrice qui couvre l’ensemble du corps. Le masque protège la tête, et rend anonyme la personne ainsi que le ou la partenaire. Cet anonymat permet toutes les projections possibles : le ou la partenaire peut prendre le visage de l’agresseur. Et bien que ce sport implique une arme à la main, elle ne peut pas blesser en tant que t’elle, tout se passe dans un contexte bien sécurisé et encadré par un ou une maître d’armes.
L’escrime, ou l’art de la juste distance :
Le choix de l’escrime est aussi important à travers ses valeurs et notamment le respect qu’il véhicule : avant et après un duel, les adversaires se saluent dignement.
Ce sport se pratique à distance avec des règles précises : le contact direct entre deux tireurs* est interdit. C’est l’art de la juste distance, celle qui permet de retrouver les limites du corps mais aussi les limites à mettre aux autres. Lors du jeu ou « duel », toucher son adversaire nécessite de la stratégie et de la précision. Ces qualités nécessaires dans la vie au quotidien, les victimes se les réapproprient petit à petit. L’envie de gagner, de se battre , d’être sur le podium lors de compétitions au sein du groupe sont des éléments importants.
La personne se reconnecte à travers le « jeu » au sentiment de confiance et d’estime d’elle -même.
Lors d’un atelier thérapeutique c’est le sabre qui est choisi comme arme : les touches sont déposées avec le tranchant et non la pointe d’un fleuret ou d’une épée. Cette touche est moins agressive pour le corps même si pour mon cas, j’en suis ressortie avec quelques hématomes bien pointés …Le sabre est une « arme rapide », les assauts nécessitent des déplacements rapides et brefs : quelques secondes en général, ce qui oblige à se connecter à notre instinct de défense afin de parer une attaque en mode réflexe ou survie.
Lors de sa conférence à Paris mi-septembre 2025 Bessel Van der Kolk* a rappelé que ce qui crée un traumatisme est l’impossibilité de fuir la situation vécue. Le corps en état d’alerte maximum est contraint de vivre cet impossibilité de fuir la situation. Dans la pratique de l’escrime la personne qui a été victime bouge et réagit à l’attaque de l’autre pour se défendre puis réattaque elle-même. A travers le jeu elle réinitialise son système nerveux à avoir les bons réflexes face à l’attaquant. Les touches sont rapides et font très rapidement monté la pression au niveau cardio vasculaire. Ce qui permet de faire émerger les émotions refoulées.
Pour ma part, j’ai très vite ressenti de la colère et de la frustration de me faire toucher sans avoir le temps de réagir. Avoir une véritable stratégie était compliquée pour ma part, tout allait beaucoup trop vite. Être touchée a fait monter chez moi de l’agressivité. A chaque touche parfois un peu douloureuse je pouvais ressentir une injustice. A plusieurs reprises je me suis également rendue compte que mes pensées influençaient mon jeu : selon mon adversaire je partais perdante et …je perdais un peu furieuse contre moi même…

Photo de Nathanaël Desmeules sur Unplash.com
L’ escrime et son vocabulaire à double tranchant :
Le déroulement d’un parcours escrime -thérapeutique :
Il s’agit d’un programme en 10 séances de 4 heures articulées autour de 10 thématiques de réparation. Le parcours s’effectue à raison d’un atelier mensuel étalé de septembre à mai. Les ateliers sont ouverts à une douzaine de participants qui s’engagent à aller jusqu’au bout. Leur engagement est important, il engage chacun mais aussi le groupe qui se constitue. La notion de groupe leur permet de renouer avec le sens de l’engagement social, le sens d’appartenir à …quand certaines personnes sont parfois ou souvent en errance sociale, que ce soit la famille ou amicale. Avant l’intégration dans le groupe en constitution, chaque participant ( e) est préalablement reçu ( e) en entretien individuel afin de définir si c’est le moment approprié dans son parcours thérapeutique.
Plus concrètement durant un atelier de 4 heures, chaque thématique est travaillée tant par la parole ou des jeux de rôle, que durant des phases d’échauffement, et de pratique de l’escrime. Chaque séance se clôture par un retour au calme et un débriefing portant sur les ressentis corporels. Ce qui permet à chacun (e) de prendre conscience de ce qu’il a vécu durant l’atelier. Poser soi-même des mots accueillis par l’ensemble du groupe, permet aussi à chacun de se nourrir des ressentis des autres participants. Ce sont des moments de partage forts qui soudent le groupe et renforce le sentiment d’appartenance.
Quand parler a été synonyme d’éclatement de la famille, et de son exclusion, il est important durant ces stages que la parole de chacun soit accueillie avec bienveillance.
Une équipe pluridisciplinaire efficace et interactive :
REPARS : Organisme d’intérêt général déployant une activité non lucrative dont l’objet est de porter au niveau du département 44 la stratégie d’éradication des violences sexuelles. Il s’agit d’un réseau pluridisciplinaire d’accompagnement et de réparation de personnes victimes de violences sexuelles. L’objet direct ou indirect est de lutter contre les violences sexuelles dans toute leur complexité. De créer des outils d’information et de prévention en lien avec cet objectif. De nouer des partenariats nécessaires pour soutenir logistiquement et financièrement l’objet de l’association. D’organiser toute réunion, séminaire, conférence pour soutenir l’objet de l’association. De former des personnes et des équipes qui pourront intervenir dans ce domaine de lutte contre les violences sexuelles. De proposer un accompagnement aux personnes victimes ou auteurs de violences sexuelles à travers l’organisation d’Ateliers Thérapeutiques reposant notamment sur l’escrime. L’association REPARS est ouverte à tous sans discrimination.
Contacts : asso.repars@gmail.com escrime.repars@gmail.com @association_repars
06 42 80 71 51
*Bessel Van der Kolk : psychiatre américain d’origine néerlandaise, et auteur du livre : Le Corps n’oublie rien. Spécialiste du syndrome de stress post-traumatique, professeur de psychiatrie à l’université de Boston, et fondateur du « Trauma Center de Boston ».
Un livre qui relate les mécanismes du traumatisme et les diverses expériences qu’il a pu faire en tant que psychiatre afin d’aider les victimes à se reconstruire.
*Violaine Guérin : Endocrinologue et gynécologue, elle nous interpelle tous sur le sens caché des maladies. Le corps parle et nombre de ses expressions ne sont que mémoires de violence du passé Auteure du livre : Comment guérir après des violences sexuelles aux éditions TANEMIRT.