Le Burnout et ses victimes préférées 

Qui sont les principales victimes du burnout? 

Ce sont la plus part du temps des travailleurs investis dans leur mission, j’utilise volontairement ce terme pour faire comprendre à quel point le travail est une « mission » à accomplir. Mission du travail bien fait, ce sentiment d’être indispensable à son équipe, ses collègues, son employeur. Aucune tâche supplémentaire n’est de trop, aucun déplacement professionnel n’est impossible (Au détriment de nuits écourtées, de déplacements rythmés par les horaires des trains ou des avions, d’attentes interminables dans les aéroports, car il faut de surcroit optimiser les tarifs des billets au profit de l’entreprise…). La victime du burnout est disciplinée, elle applique scrupuleusement les mesures en vigueur dans l’entreprise pour son plus grand bien (Celui de l’entreprise, évidemment). L’employé est MODELE par excellence, il gère son travail, ses déplacements comme sa propre entreprise, et même au-delà.


La victime est d’abord victime d’elle-même

Victime de ne pas avoir su dire non aux sollicitations toujours plus pressantes de sa hiérarchie, sans doute à la recherche d’une reconnaissance finalement inaccessible, mais dont les rouages de l’entreprise usent et abusent à seule fin d’accroitre encore et encore la productivité.
Chaque année, l’employé modèle met un point d’honneur à accomplir ses objectifs coute que coute, envers et contre tout et tous.
Victime de la non déconnection, j’ai connu les premiers ordinateurs portables (pour ramener du travail à la maison), les premiers téléphones portables (pour rester joignable le Week-end), les premiers Iphones pro (Pour lire mes courriels en vacances), les premiers IPad (Pour répondre pendant les repas)…flattant mon égo jusqu’à la démesure avec ce besoin quasi permanent d’être indispensable.

L’ego en question

Cet égo s’est grisé du rôle que j’occupais dans l’entreprise, rôle que j’avais construit moi-même avec les outils mis à ma disposition par une hiérarchie perverse qui in finé et alors que j’étais au bord de l’abime s’exclamait la main sur le cœur : « Mais je ne vous ai rien demandé de tel ! Vous avez interprété ! » La victime que j’étais, portée par son besoin de reconnaissance et droguée à l’activité professionnelle, s’était mise la pression progressivement toute seule jusqu’à l’overdose, approvisionnée par un dealer en charge de travail, en projets pharaoniques, en résultats inaccessibles, et objectifs irréalistes…A qui la faute ?

Pause café connectée-Marie Duval sophrologue

Quelle part de responsabilité l’entreprise a-t-elle dans le Burnout de ses employés ?

Dans la plupart des cas de burnout, la personne est accompagnée par une structure psychologique  qui lui permet de réfléchir à ce qui l’a amenée à cet épuisement professionnel, et la tendance est souvent de chercher  le fautif : faut -il d’ailleurs chercher un fautif ?
Certaines personnes partagent l’idée que la responsabilité est partagée entre celle de l’employé et celle de l’employeur. Mais peut on parler de responsabilité partagée quand l’ensemble du management de l’entreprise conduit plusieurs de ses cadres à cet épuisement ? Pour ma part, quelques années plus tard, voici ce que  je suis capable d’en témoigner de mon vécu personnel

Un manque de structuration de l’entreprise 

Je déplore aujourd’hui les star-up où chacun s’investit comme pour sa propre structure. La PME dont le patron n’a pas appris à déléguer, celui qui est à la fois sur tous les fronts, cherche à tout contrôler, parfois au-delà même de ses propres compétences. L’entreprise qui croit, sans avoir su recruter les bonnes personnes aux bons postes : chacun faisant comme il peut pour pallier aux manques, endosse plusieurs casquettes. L’entreprise qui grossit en faisant évoluer en interne les «usurpateurs»de compétences : je nomme ainsi ceux qui parlent le mieux en public, ceux qui savent le mieux raconter ce qu’ils ne font pas et l’attendent des autres.

Le manque de communication inter-personnelle, la perte de vraies relations humaines.

J’ai connu à mon grand regret, le cloisonnement des services où parfois même les managers ne savaient plus saluer leurs propres équipes.
Le développement des moyens de communication qui ont eu un effet pernicieux sur la communication : l’envoie d’e-mail au collègue d’en face, au lieu de traverser le couloir ou de lui parler au téléphone. La réponse aux e-mails tard le soir, ou le week-end  pour compenser les déplacements de la semaine. La mise en copie d’un maximum de personnes, pour se justifier, au risque d’alourdir les boîtes mail de chacun.

Le manque de solidarité

J’ai pu constater que la tendance du « chacun pour soi » est encore bien présente dans les entreprises françaises, la réussite personnelle encore trop la priorité face à l’intelligence collective qui reste à développer.
Lorsque les syndromes du burnout sont déjà bien installés : il devient parfois difficile d’oser.
Comment oser se raconter ? quand nos faiblesses sont tournées en dérision par nos supérieurs hiérarchiques, nos collègues ou encore nos propres collaborateurs ambitieux. Comment oser prendre le temps d’aller déjeuner à l’extérieur, quand chacun déjeune derrière son bureau pour en faire encore un peu plus. Ou même pire: comment oser quitter son bureau plus tôt le soir, quand le patron les yeux rivés sur le parking a lui-même garé sa voiture bien en évidence, sans doute pour montrer l’exemple de sa présence tardive au bureau.

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